Il quitta donc tel un fantôme le groupe de forçat et dirigea vers la source de cette émanation.
Avant cela, il lui fallait relater des faits qu’il n’avait vus. On lui avait raconté bien longtemps après ces événements, un des bourreaux, devenu fou, s’était confié à lui. Avant que Tiberiusnormand soit plus juste avec ce dernier. Il l’avait fait placer dans une nacelle Tau Zéro.
Dexter Quinn avait profité de l’absence du protecteur du père Horst pour le faire emmener de force par sa garde prétorienne. Garde prétorienne constituée de la plus improbable bande de psychopathes, choisis parmi les forçats les violents. Prétextant un retard de productivité du père Horst, ils l’avaient emmené pour l’ »éduquer » à leur façon et lui apprendre à respecter les objectifs de la firme.
Il l’avait trainé, malgré ses cris pathétiques, en pleine forêt. La, au milieu d’une zone vide, se dressaient un chevalet et une potence. Ils avaient débuté par les traditionnels coups de Gummi, une sorte de matraque constituée de bouts de câbles électriques. Ces Gummi s’enroulaient autour des membres et généraient des souffrances abominables. Ils rossaient le père Horst depuis quelques minutes. Ce dernier n’avait même plus la force de crier, de simples râles de souffrance sortaient de sa bouche en sang à chaque mouvement de bras.
Maintenu à califourchon sur le chevalet par des lanières, son dos n’était plus que charpie. Le père Horst avait perdu tout espoir et attendait le coup de grâce presqu’avec impatience.
Mais cette mort paraissait trop rapide pour ses bourreaux. Alors Dexter Quinn entra en scène.
Il s’était drapé d’une robe noire ébène pour l’occasion. Il avait passé les derniers mois à prêcher la parole du frère lumière auprès de ses acolytes. Il allait maintenant mettre en œuvre SON œuvre.
Il fit détacher le père Horst, le fit retourner et commença à le défigurer à coup de thermo lame. Le visage méconnaissable, le père Horst implorait le coup de grâce. Avec un art consommé du sadisme, Dexter Quinn le maintenait en vie. Il voulait ajouter l’humiliation à la souffrance. Il le fit remettre sur le chevalet et là, un par un, ils assouvirent leurs besoins sexuels. Le père Horst implorait la mort, implorait qu’on l’achève. Mais une fois leurs désirs accomplis, ils avaient encore soif de souffrance et de martyr.
Ils accrochèrent le père Horst à la potence. Bras et jambes liées de sorte que le pauvre religieux offre son ventre rebondi, certes moins qu’à son arrivée, au sol.
D’un coup de thermo lame, Dexter Quinn lui ouvrit la panse et contempla les tripes jaunes s’échapper.
L’esprit du père Horst avait depuis longtemps perdu tout envie de vivre, il voulait simplement arrêter de souffrir, il voulait simplement partir, rejoindre le Dieu en lequel il n’avait jamais cessé de croire. Mais s’il n’allait plus souffrir, la suite fut pire encore…
Tiberiusnormand devait faire une pause, son esprit vacillait, la folie lui tendait les bras. Il lui vint à l’idée d’accepter cette folie, de ne plus se souvenir, de quitter ce réel abominable. Mais il lui devait à elle cette dernière confession…
Il la regarda, pris une gorgée de lait de dragonne et tenta de recoller ses souvenirs. A partir de ce point, ils les avaient vu.
Tiberiusnormand avait fui et pour la première fois de sa vie de mercenaire, il avait reculé devant le danger. Non pas pour entrainer ses adversaires sur un terrain plus favorable, mais simplement parce qu’une peur immense lui tordait les tripes. Jusque la, il lui avait toujours paru aussi facile de tuer que de respirer, comme le dit un acteur peu crédible en raison de sa morphologie rachitique vu dans un senso film vieux comme la première migration TTZ,
Cette fois non, il laissa le père Horst accomplir à son tour la sinistre messe sur ces trois bourreaux et avala la forêt comme dans un rêve. Il ne passa pas par le camp afin de récupérer ses misérables affaires, il partit en ligne droite vers la zone de l’embarcadère. Il ne pensa même pas à comment il allait embarquer. Il voulait simplement quitter cette planète et mettre le maximum d’années lumières entre lui et CA.
Il ne trouva pas la route de l’embarcadère, il se perdit et erra pendant presque 2 semaines dans la forêt de Lalonde. Son instinct de survie et ses nanoniques lui apprirent à sélectionner les choses les moins nocives à manger et à modifier son métabolisme pour ne pas trop souffrir de l’inadaptation de la faune et de la flore. Il en fut quitte pour une bonne chiasse, ce qui aujourd’hui, le faisait sourire. A l’époque pas besoin de porter de scaphandre et donc pas besoin de nettoyer le produit de sa digestion.
Au bout de 2 semaines, il tomba par hasard, sur une chose qu’il croyait inconcevable ainsi que pour la firme, d’ailleurs. Là, au milieu de la forêt et il vit une petit cabane. Il passa deux jours à observer. Il vit des enfants, oui, des enfants de 8 à 14 ans visiblement qui tentaient de survivre dans ce milieu hostile. Il aperçut une jolie jeune fille d’à peu prés 20 ans qui semblaient être le chef, ou du moins le leader de ce groupe. Elle organisait les corvées, régissait l’emploi du temps et semblait, ô stupeur, consacrer du temps à l’éducation !!!
Il s’avança lentement, bien conscient que son apparence risquait de les rebuter. Aussitôt, les enfants s’enfuir dans la forêt et il se retrouva seul, à 20 mètres de la cheftaine. Ses sens pourtant aiguisés ne l’alertèrent pas si bien qu’il n’anticipa pas le geste de la jeune fille. Il se réveilla 2 heures plus tard, ficelé comme un saucisson au Chou-Ghor au milieu de la cabane. Il était attaché avec du fil chagrills, ce fil a la particularité de se contracter à chaque tentative de se libérer. Il n’essaya pas plus d’une fois. Il comprit vite. Il était en permanence tenu en joue par un fusil Maula, parfois par un gamin de 8 ans !. Le genre de fusil qui, si il est réglé sur le maximum ne laisse de vous qu’une poignée de molécules en désordre. Pourquoi ne l’avait elle pas tué, il ne le savait toujours pas aujourd’hui.
Il passa les trois jours suivants ficelé, nourri comme un bébé et emmené aux gogues sous la menace de l’arme. Il raconta son histoire, il vit bien la circonspection sur le visage de la jeune fille. Il écouta leur histoire. Comment 12 gamins avaient survécu depuis 4 ans, seuls, au milieu de cette nature hostile. Comment il avait su adapter des plants à la nature de Lalonde. Etonnant quand on sait que la firm n’avait toujours pas réussi malgré des bataillons de scientifiques. Comment leurs parents, déportés comme lui, mais eux pour indigence s’étaient sacrifiés pour qu’ils aient une chance, infime soit elle, de survivre.
Il devint un des leurs par accident, Marie, l’ainée, ne se voyait pas le libérer et tentait de trouver la force de le tuer, toujours dans l’esprit de protéger les siens. Geste facile pour lui mais visiblement cornélien pour la jeune fille.
Donc, un jour, un struking, jaillit de la forêt. un struking est une sorte de gros fauve à 6 pattes, gros comme un bœuf terrien. Carnivore bien sûr. Il avait senti la chair fraiche des enfants et avait décidé d’en faire son ordinaire. Marie l’atteignit d’un coup de fusil mais la structure moléculaire de la bête déviait le faisceau. Aucune possibilité pour elle de tenir le fauve à l’écart. Le combat était perdu d’avance.
Il ne sait toujours pas comment mais ses muscles se contractèrent, les fils chagrills se resserrèrent sur sa peau, il en porte encore les stigmates mais cédèrent. Certainement son instinct de survie. Il attrapa un caillou tranchant et se jeta sur la bête affamée. Grace à sa science de l’esquive et du combat, il évita la charge et monta sur le dos de la bête. Il la prit au cou, réussit à se mettre sur son encolure et pendant un temps qu’il ne peut estimer commença à taillader désespérément la gorge. Il réussi avec ses doigts à percer les lourdes paupières de protection du struking et lui creva les trois yeux. La bête rendue aveugle et folle de rage commença à ruer en tout sens. Il attrapa un fil de chagrills, le fit passer autour du coup de la bête et accrocha l’autre extrémité à une patte. Le fil de chagrills se ressera à chaque tentative de la bête de se libérer et au bout de longues minutes, elle s’affaissa étranglée et asphyxiée.
Il revint vers le groupe et demanda gentiment un peu d’eau. Il était devenu l’un des leurs. Il resta avec eux jusqu’à ce que ce qu’il voulait fuir les rattrape. Le père Horst n’avait pas chomé lui aussi de son coté.
Tiberiusnormand sombra dans une sorte de cataplexie, incapable de parler, de se souvenir. Les souvenirs qu’ils avaient raconté étaient atroces mais, pas autant que ce qu’il devait maintenant exposer. Son esprit se mit en situation de vide et le temps parut suspendu